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La meute était prête, silencieuse, concentrée. Des comédiens agitaient quelques feuillets devant leurs yeux, tapie dans un coin, une femme remuait les lèvres, récitait une litanie. Des convives avaient envahi les tables, le lieu n'en pouvait plus d'accueillir les affamés de littérature noire. Des habitués et des gens du quartier. L'affichette à l'extérieur ayant alléché le chaland : "Max Obione ...dans tous ses états", à poil, carrément ? Ah bon ! Rita avait bourré son antre minuscule, il allait se passer quelque chose...
Assis sur la banquette, devant un verre de rouge en compagnie de Hugo, Anne, Jeanne, Dominique, Cyrille...  j'attendis que la fiesta commençât, jusqu'à la mise à mort, jusqu'à la curée. Rita nous avait concocté une régalante blanquette à l'ancienne. Puis Marie Pierre de Porta fit ses derniers placements, ses ultimes réglages, enfin les voix noires pouvaient s'élever dans une écoute fervente qui m'a complètement bluffé.
Diable, quand le talent des comédiens décuple votre propre écriture, ça fait un drôle d'effet ! La ponctuation des silences, les intonations qui s'incarnent quands la lecture silencieuse du lecteur n'impose au fond de lui qu'un ronron insignifiant, le jeu qui pointe les aspérités du texte, qui rajoute du signifiant, et surtout qui crée l'émotion, l'émotion palpable encore quand la lecture est achevée. Un homme au bonnet gris fermait ses yeux, donnait l'impression d'être ailleurs, précisément l'endroit où nous tous l'avons rejoint au fil des textes enchaînés.
Voix noires
Passons sur l'ego de l'auteur qui a relui inévitablement, attardons nous plutôt sur la plue value qu'apportent ces lectures inspirées. Outre que cette forme de réprésentation constitue une promotion de la littérature, noire en l'occurrence, la théâtralisation donne une dimension communicative à l'expression isolée de l'auteur.
J'ai eu l'impression parfois qu'un autre que moi avait écrit mes propres textes. J'y découvrais des nuances, des couleurs que je n'avais pas perçues en écrivant. Sensations assez bouleversantes en réalité.
Le choix des nouvelles, entre rire et drame, dans lequel je n'ai pris aucune part a porté sur une nouvelle inédite : "Boulette" et des nouvelles rassemblées dans le recueil Balistique du désir : "Tranx" et "Myriam trouble". "Attention la marche" se trouve dans le recueil Dans le panneau édité chez Terre de Brume (La Noiraude/Lamballe)
Furent lus également des textes de Thierry Quinzin (Krakoen), Sebastian Charles (Krakoen), Laurence Patri et Nicolas Jaillet.
La meute des Comptoirs du noir, emmenée par Marie Pierre de Porta, possède une palette vocale très diversifiée (d'éraillée à flûtée), ce qui donne aux dialogues écrits une vérité humaine et beaucoup de présence.
Il faut citer tous les comédiens : Marc Bertin, Jean-Marc Cellier, Armelle Dumoulin, Igor Oberg, Nathalie Prokhoris, et Clément Variéras. Et particulièrement la maîtresse de cérémonie : Marie Pierre de Porta.
Ce mardi 10 février 2009 restera mémorable. Chapeau et merci à la meute, qu'il fut bon de vous entendre hurler ce soir-là.

19/02/2009
Tag(s) : #C'était l'autre jour...
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