Claude le passeur

Le goéland masqué 2011 Penmarch

C'est avec chagrin que j'apprends le décès de Claude Le Nocher, l'ami Claude, l'autre Claude (Et dire que Claudio est parti lui aussi !). On ne dira jamais assez combien le travail de ces chroniqueurs passionnés, de ces critiques littéraires consacrées aux littératures policières, de ces passeurs, a apporté au genre, à son développement et à son rayonnement.
Dès le départ de l'aventure éditoriale Krakoen, CLN a braqué son attention sur la production de cette petite baraque d'édition qui a fait émerger durant 10 ans des auteurs qui seraient rester dans l'obscurité et l'indifférence. Une bonne critique de Claude, c'était pour un auteur débutant un encouragement extraordinaire au milieu de l'immense production formatée du polar ou du thriller.
A titre personnel, il a chroniqué la quasi totalité de mes ouvrages, même si parfois il dévoilait trop l'intrigue, sa conclusion plaçait son point de vue d'amateur éclairé tant sur l'apport stylistique que sur l'originalité de l'histoire. Jamais féroce, seulement juste !
Je l'ai souvent imaginé, dans ce coin du Morbihan où il habitait, toujours un livre à la main, où qu'il se trouve. Nos rencontres se déroulaient à l'occasion des salons du livre dans le grand Ouest. (Lamballe, Penmarch, Mauves sur Loire...) à l'occasion desquels il venait saluer les auteurs et ses amis, et faire provision de futures lectures. Éclats de rire bruyants et poignée de main chaleureuse, il était adepte du contact direct ; je l'interpellai "Grand Claude", son large sourire barrait son visage et vous renvoyait une réflexion empreinte de taquinerie ironique qui donnait la couleur à nos échanges.
Claude, si quelque part dans le néant d'après la vie tu rencontres Claudio, vous ne manquerez pas de sujets de conversation. Sachez tous les deux, admirables médiateurs de cette littérature que nous aimons, que les regrets disparaissent tant que vous vivrez dans les textes qui vous survivent.
Repose en paix.

Max Obione